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Surgie des limbes d’un tiroir à idées folles, la SP One de MB\&F est bien plus qu’une montre élégante de 38 mm. C’est une déclaration technique en lévitation permanente, une expérience tridimensionnelle du temps.


Chez MB\&F, l’audace est une vertu. Avec la SP One – première pièce d’une série baptisée Special Projects – la maison genevoise offre un paradoxe maîtrisé : une montre qui paraît classique à première vue, mais qui, dès l’instant où l’on plonge dans ses arcanes mécaniques, révèle une complexité technique remarquable. C’est un objet horloger sculpté autour de trois éléments qui flottent : le barillet, le balancier et le cadran. Le tout au sein d’un boîtier d’une douceur minérale, sans lunette, aux lignes inspirées d’un galet poli.

Un mouvement en suspension

Au cœur de la SP One se trouve un mouvement manufacture inédit, développé intégralement en interne. Sa particularité ? Une architecture symétrique, construite autour de trois éléments majeurs aux dimensions identiques, tous disposés selon une géométrie circulaire parfaitement équilibrée. Le balancier, légèrement excentré à deux heures, capte immédiatement le regard – sa présence évoque une soucoupe volante suspendue dans l’air.

Mais c’est la conception des ponts et la construction invisible de l’ensemble qui constituent le tour de force. Le défi : dissimuler au maximum les éléments structurels afin de maximiser l’illusion de flottement. Les ponts sont quasi absents visuellement, les composants principaux étant portés par une ingénierie souterraine, à peine perceptible. Il faut chercher la moindre vis comme on chercherait une aiguille dans une botte de foin : l’effet est saisissant.

La réserve de marche de 72 heures est assurée par un ressort de barillet à remontage manuel, suspendu lui aussi dans cette scène flottante. Le cadran, incliné à six heures, n’est pas qu’un choix esthétique : il permet de mettre en valeur un engrenage conique, rare en horlogerie, dont la précision et la fiabilité sont d’autant plus remarquables qu’ils ont été intégrés dans une montre de si petite taille.

Une élégance en trois dimensions

Le boîtier de 38 mm, d’une épaisseur contenue à 12 mm, abrite ce spectacle mécanique dans une forme en galet, douce au toucher, fluide au regard. Entièrement sans lunette, il est surmonté et prolongé par deux dômes en verre saphir antireflet (recto et verso), qui participent à l’effet de lévitation générale.

La magie continue au niveau des cornes, détachées de la carrure, qui créent un vide subtil entre le haut du boîtier et la base, accentuant encore l’impression que la montre ne touche presque pas la peau. Cet effet est rehaussé par un détail architectural baptisé « l’amphithéâtre » : un biseau périphérique qui évoque les gradins antiques, tournés non vers une scène, mais vers une mécanique céleste.

Finissage : la main derrière la magie

Avec 191 composants et 31 rubis, le calibre SP One est loin d’être simpliste, et son raffinement se voit dans les moindres détails : angles rentrants polis main, surfaces satinées, microbillées, gravures manuelles. Chaque chaton, chaque roue, chaque arête a été traitée avec le soin artisanal qui caractérise les productions de MB\&F. Cette extrême attention à la finition se poursuit jusqu’à la boucle à ardillon en or, fixée à un bracelet en cuir de veau, discret et parfaitement ajusté.

Proposée en deux versions — platine avec paroi biseautée bleu ciel, et or rose avec paroi anthracite


Caractéristiques techniques :

  • Mouvement manuel MB\&F SP One, balancier visible, cadran incliné.
  • Réserve de marche : 72 heures.
  • Fréquence : 18’000 A/h (2,5 Hz).
  • Dimensions : 38 mm de diamètre, 12 mm d’épaisseur.
  • Verres saphir double-face avec traitement antireflet.
  • Étanchéité : 30 mètres.
  • Finitions manuelles intégrales.
  • Prix :de 58’000 à 63’000 CHF

Par Eric Cosandey