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Olivier Kuhn

Ce n’est pas vraiment une discussion au coin de l’établi mais plutôt au coin d’une table de bar lors d’une soirée « Watchconnect ». Une personne lors de cette soirée me demande « tu as vu la pièce unique d’Olivier Kuhn? », alors non, et pour être honnête je ne le connaissais pas du tout mais la curiosité et la possibilité de voir une belle montre à fait que je suis allé le rencontrer et lui demander s’il pouvait me montrer sa pièce.

Pas de soucis, il déballe avec précaution sa montre, me la montre, et…….. la baffe, quel travail et quelle beauté (pour moi).
Là, on est sur une pièce « métier d’art » de très haute qualité, quelle précision dans le détail. La partie horlogère à ce niveau est accessoire bien qu’on retrouve un très beau petit mouvement Oméga le plus petit qu’il ait pu trouvé et bien sûr, complétement rénové et révisé.

Le Dragon d’Olivier Kuhn

La pièce a entièrement été imaginée et réalisée par ces soins et a nécessité deux années de travail.
Elle abrite un dragon impérial chinois en or jaune 18K qui s’inscrit en 3 dimensions avec des éléments perceptibles des deux côtés de la montre. Le dragon et son paysage épousent la totalité du volume du boitier et chaque détail vous emmène à explorer la profondeur de cette réalisation.
2185 écailles sont gravées à la main, des parties nuancées avec de la peinture acrylique et une véritable perle d’une qualité exceptionnelle qui vient s’ajouter dans la patte avant droite du dragon, représentant la perle de feu

Cette pièce d’art vous transporte dans un décor traditionnel inspiré par le mur des neufs dragons de la cité interdite de Pékin qui fait partie intégrante de la pièce. On y voit la tête et la queue du Dragon qui pointent vers le ciel apportant le message de positivité et de persévérance souhaité par son créateur.

Et j’en ai profité pour lui poser 4 questions

Peux-tu nous parler un peu de ton parcours professionnel pour arriver à faire une pièce exceptionnelle comme le dragon?

Je dirais déjà un parcours très…atypique et ensuite beaucoup de travail! 

Depuis mon enfance, je suis passionné de motos et voitures américaines. C’est donc avec enthousiasme que je me suis lancé en mécanique moto à l’âge de 15 ans. Ma formation achevée, je me suis vite rendu compte que je ne pourrai pas vivre de ma passion à savoir faire du custom car en Suisse les restrictions et les lois nous limite dans la modification des véhicules. Plus tard, à l’âge de 25 ans, je me suis intéressé pour la mécanique horlogère. C’est là que je me suis dit que je pourrai dépasser les limites. J’ai suivi des cours et me suis formé en horlogerie pour ensuite me mettre à mon compte pour développer un concept. Lorsque que j’étais enfant, j’allais beaucoup à la pêche et j’aimais m’amuser à construire des mouches qui sont minuscules. Déjà très pointilleux sur les détails à l’époque, j’ai travaillé des heures et des heures sur mon programme 3D pour réaliser des miniatures horlogères d’exception. J’ai eu la chance de pouvoir travailler et collaborer durant plusieurs années pour des marques de renoms et ainsi réaliser des miniatures en trois dimensions. Ces expériences ont contribué à parfaire mes compétences techniques et à force de faire face à chaque défi, le niveau a augmenté jusqu’à m’apercevoir que je pouvais aller toujours plus loin. Je me suis donc donné le défi de créer ma propre montre avec à l’intérieur une miniature avec une extrême précision fait main.

Comment se déroule le processus pour faire ce dragon?

Dans mon programme 3D, je suis parti de zéro, en commençant par le design de ma boîte qui m’apporterait de l’espace et un volume suffisant pour une miniature horlogère. J’ai ensuite placé le mouvement le plus petit à 3 heures afin de garder un volume suffisamment grand pour insérer une création imposante. De là, je suis parti d’une simple sphère à un dragon impérial chinois et son paysage.

Une fois le 3D validé, le dragon est réalisé par un casting. Je passe ensuite à l’établi pour graver, décorer, ajuster et peindre.

Quelles ont été les difficultés les plus importantes

Je dirai de sectionner le dragon à des endroits précis afin qu’aucune jointure ne soit apparente après l’assemblage. Ce qui donne cet effet de lévitation dans la montre.

Je voulais également qu’aucune vis ne soit apparente afin de repousser les difficultés. De plus, le nettoyage des parties du dragon en angle fermé fut très complexe, la fabrication d’outils maison ont dû être nécessaire (écailles derrière la tête du dragon ne peuvent être ni gravées ni nettoyées avec des outils classiques).

Bien que ce soit une pièce unique, penses-tu faire un autre modèle en pièce unique (ou en plusieurs exemplaires) et si oui déjà une petite piste pour nos lecteurs?

[je ris] Bien sûr. Je travaille déjà sur celle-ci. L’esthétisme de la boite restera mais l’univers à l’intérieur sera “Rock’n’Roll”. Fidèle à moi-même, j’irai le plus loin possible peu importe le temps que cela prendra.

Merci à Olivier pour sa disponibilité et sa gentillesse
Eric Cosandey