5 min 2 ans 3296

Il y a un truc que je ne comprends pas, mais alors pas du tout : qu’est-ce qui oblige cette frange étrange de la population, que je vais appeler « les mursingues », à acheter des montres mécaniques ? Ils meurent s’ils n’ont pas une montre mécanique avant une certaine date ? …ou ils sont virés de chez eux, ou alors ils perdent leur capacité à marcher droit ? …ils vont être virés ? …quoi ?

Le mursingue, descendant de celui qui reste convaincu, malgré le démenti, qu’on a raté sa vie si à 50 ans on ne possède pas une Rolex, se reconnaît assez facilement bien que ni l’âge, ni la culture ni même la couleur des pieds ne soit un indice car il pose systématiquement la même question sur les fora horlogers : « qu’est-ce que je peux acheter comme montre mécanique pour moins de 300 euros ? »

La montre mécanique, ça sert strictement à rien, ok ? L’heure, on peut la lire partout, sur tous les appareils électroniques de la vie quotidienne ; c’est donc pas pour avoir l’heure qu’on veut une montre mécanique. En plus, pour la précision, tu repasseras. T’as beau acheter une automatique comme mille richards, le premier Jacky qui passe avec sa G-shock t’humilie sur le sujet façon p’tit Nicolas à l’opéra. Ca nourrit pas non plus… ça réchauffe pas… ça fait rien de spécial : juste, ça serre le poignet si on l’ajuste un peu trop serrée.
La montre mécanique, c’est rien que pour la frime ou alors parce que c’est beau. C’est comme qui dirait comme si qu’on s’achetait un tableau qu’on porterait au poignet et qu’on l’aimerait parce qu’on est un fan du peintre, qu’on connaît la technique du pointillé-bavé ou qu’on admire la facture picturale salée.

Mais alors : pourquoi acheter une montre pas cher ?!! C’est quoi le truc ?

Parce que pour que la montre elle soye pas cher, y a pas d’secret : elle est pas belle non plus ! Et pour la frime, t’es d’la revoyure.
Y a bien des marques qui, cupides et avides de donner à tous ces mursingues ce qu’hérétiquement ils demandent, se précipitent dans ces niches de la sur-consommation en créant quelques tocantes ridicules à vil prix, mais en gros, une montre mécanique qu’on veut pour les seules raisons que j’veux bien accepter de percevoir dans ma ford interne, eh ben c’est fait avec des matériaux solides et résistant, avec des heures de travail qu’il faut bien payer quelque part, même dans les contrées reculées de la Suisse enneigée. Bref, si le mursingue a du répondant, c’est qu’il y a des marsoils prêts à tout pour piller leur pognon ; mais ce répondant, c’est pas dans l’horlogerie qu’il se trouve.
Parce que le mursingue, comme le péquin et comme mézigue, il cherche une vraie montre en fait. Une montre qui en jette : soit parce qu’elle est très belle, soit parce qu’elle claque, soit parce qu’elle témoigne d’un ouvrage horloger, mais une montre qui laissera Scarlett Johansson sur son mignon séant.

La seule différence, chez le mursingue, c’est qu’il met le prix comme premier critère. C’est abérrant…
Attention quand même ! Le mursingue, je lui jette pas les cailloux dans la poire cause qu’il faudrait que j’commence par moi-même. Et puis faut pas le confondre avec celui qui essaye simplement d’acheter une montre mécanique au moins cher, celui qui fait baisser le prix ; ça c’est de bonne guerre, c’est le marchandage. Et surtout… surtout… le mursingue, il a le mérite de pas s’être lancé dans l’envisageage d’une contrefaçon : mursingue oui, mais pas crétin !

D.L