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Georges-Frédéric Roskopf naquit le 15 mars 1813 – l’année même de la bataille des nations de Leipzig – à Niederweiler, village du district de Lörrach, dans la partie méridionale de la Forêt-Noire. Il était le fils de Jean Georges Roskopf et de Marie-Elisa Beth née Gmelin. A l’âge de seize ans, il quitte la maison paternelle pour aller à La Chaux-de-Fonds apprendre le français. Il entra en qualité d’apprenti de commerce dans la maison Mairet & Sandoz qui s’occupait de la vente de fers et métaux ainsi que de fournitures d’horlogerie.

C’est à ce moment que, par la vente de métaux et de parties détachées de montres, Roskopf entra en rapport avec des horlogers et s’intéressa à la fabrication de montres. A la fin de ses trois années d’apprentissage, il se trouvait assez versé dans cette branche. Il resta encore un an, à titre d’employé chez ses patrons et les quitta en 1833 âgé de 20 ans. La profession d’horloger l’attirait. Il entre chez un horloger nommé J. Biber, où il refit un apprentissage de deux ans au cours duquel il acquit la connaissance pratique et théorique des principes de l’horlogerie. A 22 ans, G.-F. Roskopf épousa une veuve, Mme Françoise Lorimier. Ce mariage lui permet d’acheter une maison – celle qui porte aujourd’hui le n°18 de la rue Léopold-Robert – et d’ouvrir à son propre compte un atelier d’établissage.

Jusqu’en 1850, Roskopf fabriqua des montres ancre et cylindre dont il se procurait les ébauches à Fontainemelon. Il faisait faire le terminage de ses montres dans les environs de La Chaux-de-Fonds ainsi qu’à La Sagne et dans le Val-de-Travers. Il s’agissait exclusivement de montres de gousset en or, et Roskopf qui s’entendait mieux à l’horlogerie qu’au commerce ne fit pas toujours des affaires brillantes.

Bientôt cependant il renonça à la fabrication et vendit son entreprise à MM. Engler et Hoch. L’année suivante, il est appelé à travailler à titre de collaborateur dans le comptoir que possédait à La Chaux-de-Fonds la firme B.-J. Guttmann de Wurzbourg; il y trouva l’occasion de compléter sa préparation commerciale. Cinq ans plus tard, il revint à la fabrication de montres. Avec son fils et un excellent horloger, Henri-Edouard Gindraux, il fonda la raison sociale Roskopf, Gindraux & Cie qui ne dura que deux ans. L’associé de Roskopf fut en effet appelé à la direction de l’école d’horlogerie de Neuchâtel, et le fils de Roskopf quitta La Chaux-de-Fonds afin d’ouvrir à Genève sa propre entreprise.

échappement Roskopf/échappement à goupilles

A ce moment, G.-F. Roskopf était âgé de 44 ans. De nouveau, il s’installa à son compte et ce fut alors que germa dans sa tête l’idée de créer une montre à la portée de toutes les bourses et destinée aux classes laborieuses de la population. Il lui fallut une dizaine d’années pour réaliser son projet. Vers le milieu de 1866, il put commencer la fabrication de la montre connue sous le nom de «montre du prolétaire» que, dès 1867, il met en vente au prix de 20 francs la pièce. 

Très vite, la nouvelle montre remporte un grand succès, si bien que Roskopf ne parvient pas à satisfaire toutes les commandes. Comme il fallait s’y attendre, la concurrence s’en mêla, car, à cette époque, il n’y avait encore en Suisse aucune loi protégeant les inventions. Le renom de la montre courante – lancée sur le marché en grande quantité sous la désignation de montre Roskopf – eut à souffrir des contrefaçons. En collaboration avec une maison du Locle, G.-F. Roskopf fit breveter sa montre aux Etats-Unis d’Amérique et c’est de là qu’est venue la désignation «Roskopf-Patent».

Montre Roskopf avec son inventeur en gravure

En 1872, Mme Roskopf meurt. Vivement affecté par cette perte et lui-même affaibli dans sa santé, G.-F. Roskopf se retira des affaires. Dès 1873, il remit une partie de son entreprise à la maison Wille Frères et l’autre à Charles-Léon Schmid, qui, dès le début, avait été son collaborateur. Seize ans plus tard, Roskopf mourut à Berne où il s’était retiré, après avoir, en 1874, acquis la bourgeoisie de Cernier dans le Val-de-Ruz. En 1943, par les soins de l’Association Roskopf, une plaque commémorative fut posée sur le no 18 de la rue Léopold Robert à La Chaux-de-Fonds. Elle porte l’inscription suivante: «La première montre Roskopf a été fabriquée dans cette maison en 1867 par son inventeur, G.-F. Roskopf.»

par DR. H. Büler, la Chaux-de-Fonds pour la revue “La montre suisse” d’octobre 1957