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Bien plus fonctionnelle que d ’autres , la finition des bords de perçages ajoute à l’esthétique du mouvement.

LA FINITION DES PERÇAGES, PRÉAMBULE

Chanfreinage

Bien plus fonctionnelle que d ’autres , la finition des bords de perçages ajoute à l’esthétique du mouvement. Les manufactures en quête de perfection ne se contentent pas d ’un simple ébavurage sur le bord des trous de perçage ; elles vont jusqu’à les polir.

Les perçages dans le métal se font à l’aide de forets. Les bords bruts d’usinage (1) sont irréguliers et pourvus de bavures. Ces particules de matière restantes adhèrent plus ou moins fortement et peuvent, en se détachant, tomber sur des organes délicats et provoquer l’arrêt de la montre ou d’autres perturbations. Les arêtes vives doivent également être supprimées afin d’éviter tout risque de bavure au moment du chassage.

Même si son rôle esthétique est loin d’être négligeable, l’ébavurage fonctionnel est indispensable. C’est pourquoi dans le haut de gamme, tous les perçages sont chanfreinés systématiquement.

Chassage : opération qui consiste à enfoncer une pierre, une goupille ou encore un tenon dans son logement.

Il existe différentes manières de finir les bords de perçage :

Chanfrein

Le chanfrein (2).

Ce léger cassé d’angle, exécuté à la main à la fraise boule, est purement fonctionnel. Il est destiné à supprimer les arêtes vives et les éventuelles bavures d’usinage.

La creusure (3).

Elle désigne la partie fraisée ou tournée dans un pont ou une platine. Destinée à recevoir une vis, un pignon, un tenon, elle peut être polie manuellement en fonction de l’état de surface désiré.

La découverte (4).

C’est un chanfrein profond de forme concave appelé également goutte, parabole, moulure de pierre ou encore œil de perdrix. Il sert à dégager une pierre pour la mettre en valeur. Son polissage produit un effet esthétique non négligeable.

Le chaton (5).

chaton

Il s’agit une bague métallique ( généralement en or ) dans laquelle est chassé un rubis.
Véritable élément de décoration, le chaton a également un rôle fonctionnel lorsque le rubis doit être placé dans des matériaux durs ( quartz rutile, pierres semi-précieuses, carbone, etc. ).
Dans ce genre d’opération très délicate ( risque de casse ), le chaton facilite le travail en servant de « tampon mou » entre deux matériaux durs.

L’histoire du chaton

Différentes anecdotes circulent sur l’utilisation des chatons. La plus vraisemblable se réfère aux pierres naturelles utilisées autrefois, rares et chères. Afin de les mettre en évidence, les horlogers les encerclaient dans un chaton qui les reflétait comme un miroir, donnant l’impression qu’elles étaient plus volumineuses. Aujourd’hui, les rubis naturels sont remplacés par des pierres synthétiques plus fonctionnelles et moins onéreuses. Les chatons ont moins de raisons d’être, mais certaines marques prestigieuses perpétuent leur utilisation par respect de la tradition horlogère.

LA FINITION DES PERÇAGES, LES MÉTHODES

CONSIDÉRANT LES INNOMBRABLES PERÇAGES QUE COMPTENT UN MOUVEMENT COMPLIQUÉ, ON CONÇOIT AISÉMENT L’IMPORTANCE DES MÉTHODES DE FABRICATION ET DE FINITION DE PERÇAGES.

L’alésage

alésoir

Dans un premier temps, il est impératif de reprendre les trous pour ajuster les cotes et la géométrie avec un alésoir, une tête à aléser ou par interpolation circulaire selon le diamètre.
Le travail est terminé en cassant l’angle avec une fraise à angler (1) de 90 ou 120 degrés qui forme un chanfrein d’un aspect brillant satisfaisant pouvant encore être amélioré avec un polissage chimique ou manuel.

fraise diamant

Le diamantage

Les découvertes ou moulures de pierres, peuvent être réalisées de manière complètement mécanique. Cette opération, appelée diamantage ( utilisation d’une fraise diamant (2) ), permet d’obtenir un état de surface poli noir.

Ceci n’est valable que sur les métaux cuivreux ( laiton, maillechort, etc. ) et l’or car sur les métaux ferreux ( aciers ), plus durs, le diamant s’égrise.

Une fraise hémisphèrique (3) est alors utilisée. Ce cas de figure nécessite systématiquement une reprise car l’état de surface obtenu n’est pas parfait.
Le moyen de gamme opte pour un polissage chimique ou au tonneau. Les pièces haut de gamme (4), quant à elles, sont polies manuellement à la cheville de bois.

Alésoir : outil de forme, cylindrique ou légèrement conique, muni d’arêtes longitudinales coupantes, pour agrandir ou rectifier un trou.
Il permet d’obtenir une bonne précision dimensionnelle et un bon état de surface. La position de l’alésage est obtenue en demi finition à l’aide d’un outil d’enveloppe ( outil coupant ) monté sur une tête à aléser.

Utilisée sur les métaux ferreux, cette méthode fait appel à différents outils actionnés à la main :

La méthode artisanale

La fraise boule
Taillée en boule, elle sert à ébavurer le bord du perçage. Elle donne des chanfreins légers de forme sphérique pour des contre fraisures fonctionnelles.

La fraise conique
Elle est d’un emploi plus délicat car plus difficile à centrer. Elle permet de faire un chanfrein à angle droit et est utilisée pour les creusures de vis ainsi que pour les rayons les plus grands.

La fraise à roulette
Formée par une petite rondelle à arêtes tranchantes que l’on fait tourner à l’extrémité d’un manche, elle permet de faire un chanfrein de forme sphérique.
Elle est utilisée pour la préparation des moulures de pierres ou découvertes avant un polissage final à la cheville de bois. Si les roulettes de fraise sont généralement en acier, il en existe également en rubis (corindon) (4).
Sur les petits chanfreins, elles permettent une finition polie identique à celle que produit une fraise diamant.

fraise à roulette en rubis

La cheville de bois (5, 6)
Réservée à l’éclat final, elle peut être adaptée sur un petit moteur. Elle permet d’optimiser le polissage, quelle que soit la méthode à chanfreiner utilisée, et de parvenir au poli noir.

Dans l’horlogerie haut de gamme, la recherche de la perfection technique et esthétique est un dogme : tout doit être mis en oeuvre pour y parvenir. Si le progrès rejoint la tradition ou la mécanique le fait main, porquoi s’en priver ?

Textes de Caroline Sermier sur l’initiative de Giulio Papi
Novembre 2007