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La montre automatique, au sens actuel du terme, c’est-à-dire qui marche simultanément à l’armage, est né en 1778. 
C’est du moins ce que nous apprend le plus ancien document descriptif connu actuellement, issu de l’Académie Française des Sciences à Paris, en décrivant une pièce déposée par l’horloger liégeois Hubert Sarton (1748/1828).
Ce document, sous la plume des rapporteurs Le Roy et De Fouchy, analyse une montre qui comporte un dispositif à rotor, parfaitement identique à toutes les automatiques bracelets construites aujourd’hui.
5 pièces de l’époque ont été retrouvées identiques au modèle présenté.

Montre de poche « Souscription » Bréguet.
Réplique fidèle d’un modèle réalisé par A.-L. Bréguet à la fin du XVIIIe siècle.
Elle est dotée d’un mouvement automatique et indique la date, les phases de lune et la réserve de marche.

Le second document descriptif connu date de 1780 avec le brevet déposé par Recordon en Angleterre. Aucune pièce retrouvée mais toutes les automatiques de gousset suivantes furent construites sur ce modèle.
Breguet fut sans aucun doute celui qui en montre gousset perfectionna au maximum le système, mais aucun document n’est connu sur ce qu’il fit à ses début, c’est à dire entre 1775 et 1782.

Enfin un Perrelet, un Gallmayer, et peut-être d’autres, durent se pencher sur la question avant 1778 sans que l’on puisse dire ce qu’ils firent mais certainement des systèmes qui n’assuraient pas la marche en même temps que l’armage. 
La pièce de Sarton étant la première du genre aux dires du rapporteurs.

Le document du croquis de Sarton de l’Académie des Sciences de Paris

La montre de poche à remontage automatique.

Les figures ci-dessous montre le mécanisme d’une montre de poche à remontage automatique, pour laquelle un brevet a été accordé en 1892.

La masse oscillante (A) pivote en A’. 
Elle est sous l’action du ressort de rappel U fixé au pont P.
A chaque secousse provoquée par un mouvement du porteur, par exemple la marche, la masse oscillante se déplace dans le sens de la flèche.

Elle transmet ce mouvement à la « roue d’armage  » B, grâce au « ressort d’armage  » C, fixé à la masse oscillante.

Puis le ressort U ramène la masse dans la position de la 1ère figure.

Lors du retour de la masse oscillante à sa position de repos, un  » ressort d’arrêt  » (C’), en prise avec les dents de la roue d’armage B, empêche cette roue de revenir en arrière.
Une  » goupille – butoir  » (T) limite les déplacements de la masse oscillante.

La rotation de la roue d’armage B est transmise à l’arbre de barillet par un train d’engrenages, non représenté.

Lorsque la tension du ressort moteur est maximum, par un dispositif ingénieux, la goupille z soulève le ressort d’arrêt.

La masse, actionnée à chaque mouvement du porteur, entraîne la roue d’armage, mais, le ressort d’arrêt s’étant éloigné de la roue B, cette roue, après avoir avancé de quelques dents, recule de la même quantité, le ressort d’armage entraînant alors la roue B, aussi bien en arrière qu’en avant.

Lorsque le ressort de barillet est complètement armé, les mouvements de pendule de la masse oscillante sont sans effet sur l’arbre de barillet.
Mais, lorsque la montre marche depuis un certain temps et que la tension du ressort diminue, la goupille z libère le ressort d’arrêt; celui-ci entre à nouveau en contact avec la roue B et le remontage s’opère comme précédemment.

Cette pièce était munie d’un indicateur de développement du ressort et d’un dispositif permettant de remonter la montre à l’aide d’une clé, sans entraîner les engrenages du remontage automatique.


La montre – bracelet à remontage automatique

La position de la montre-bracelet, placée au poignet de son possesseur, est très favorable au remontage automatique.

Pivotant au centre de la pièce, parallèlement au  » mouvement « , la masse oscillante de la montre-bracelet à remontage automatique ne se déplace pas seulement lorsque le porteur lui fait subir de fortes secousses, mais aussi lors de simples mouvements du bras ou du poignet, et même, sous l’action de la pesanteur, lorsque la montre est légèrement inclinée.

Généralement, la masse oscillante de la montre à remontage automatique tourne librement au-dessus du plan du mouvement, côté ponts.
Elle est généralement demi-circulaire ; son axe de révolution est le prolongement de celui du mobile de centre.

Remarques :

Pour que l’effet de remontage soit efficace, il est indispensable que :

  • La masse oscillante ait une jante la plus lourde possible, d’où l’utilisation d’or, de platine ou de carbure de tungstène.
  • En utilisant un métal à haute densité ( deux fois au moins celle du laiton ), on réalise un rotor de qualité dynamique très appréciable malgré des dimensions réduite, l’esthétique de la montre y gagne.
  • Le centre de gravité de la masse doit être le plus éloigné possible du centre.
  • La masse oscillante doit être libre et ne jamais toucher le mouvement ou la boite.
  • Le pivotement de la masse soit bien nettoyé avant de l’huiler.
  • Si le pivotement de la masse est usé, les trous des bouchons étant devenus ovales, de les remplacer par des bouchons neufs d’origine.

La masse oscillante à course limitée

Dans certains modèles, le chemin angulaire de la masse est limité par des  » ressorts amortisseurs  » T.

La masse oscillante est alors placée de façon à être actionnée le plus fréquemment possible. 
Cette position favorable correspond, pour la majorité des individus, à la position moyenne de l’avant-bras durant la marche, la montre étant placée à l’extérieur du poignet.

L’angle que peut parcourir la masse oscillante dans la montre avec  » ressorts amortisseurs  » est généralement d’environ 120 degrés.

La masse oscillante, actionnée violemment, vient frapper contre un  » butoir  » ; il se produit alors un choc qui, en se répétant, peut aider les vis insuffisamment bloquées à se dévisser.

Toutes les vis d’une montre à remontage automatique doivent donc être vissées bien à fond. Il faut également bloquer les vis et clés de cadran.

La masse oscillante sans limitation.

La masse oscillante tournant sans limitation est généralement nommée  » rotor « . Elle peut donc tourner, dans un sens ou dans l’autre, de 360 degrés ou davantage.

La transmission du mouvement de la masse oscillante.

Pour transmettre le mouvement de la masse oscillante au rochet, les trois systèmes les plus fréquemment rencontrés sont les suivants :

Un pignon ou  » roue de palier  » B est fixé sous la masse oscillante, concentriquement à son pivotement.

Un cliquet, dit  » d’armage  » C pivote sous la masse oscillante ou dans une noyure pratiquée à la masse. 
Un faible ressort R maintient l’extrémité du cliquet en contact avec les dents d’un renvoi ou  » roue d’armage  » B, tournant librement, concentriquement au pivotement de la masse oscillante.

La masse oscillante porte un  » segment denté  » B.

Si l’on faisait agir la roue de palier de la masse oscillante, le segment denté ou le cliquet directement sur le rochet fixé  » à carré  » sur l’arbre de barillet, le ressort de barillet opposerait à la masse oscillante une résistance beaucoup trop grande et le remontage ne s’opérerait pas.On intercale donc, entre la masse oscillante et le rochet, un dispositif constitué généralement par un rouage « démultiplicateur » ou « réducteur ».

Description du fonctionnement :

Lorsque la masse remonte :

Lorsque la masse oscillante (A) se déplace dans le sens de la flèche, le segment denté (B), fixé sur cette masse, entraîne la roue B’ dans la direction de la flèche.

  • Le rochet b est ajusté librement sur la roue B’.
  • Le pignon b’ est solidaire du rochet.

Grâce au cliquet d’armage C, maintenu en contact avec les dents triangulaires du rochet, par le ressort R, le rochet et son pignon b’ sont entraînés, lorsque la roue B’ tourne dans le sens de la flèche, c’est-à-dire lors du remontage.

Lors du remontage, le cliquet C’ est soulevé au passage de chaque dent de la roue B » ; ce cliquet empêche ensuite le recul de la roue B ».

Le pignon b », solidaire de la roue B », engrène avec la roue D, qui, lors du remontage automatique, tourne dans le sens de la flèche.

Le pignon d, fixé sur la roue D, engrène avec la roue de couronne (E), qui transmet sa rotation au rochet F.

Remarque:

A chaque déplacement de la masse oscillante, le rochet F tourne d’une valeur angulaire inférieure à un pas. 
Cependant, grâce au cliquet d’arrêt C’, le rouage démultiplicateur ne peut reculer. De ce fait, le cliquet G reste dans une position quelconque, après chaque action de la masse oscillante.

Lorsque la masse ne remonte pas :

Le segment denté entraîne la roue B’ dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. 
Le cliquet d’armage fait alors simplement  » décliquetage  » sur les dents  » Breguet  » de la roue d’armage b (rochet).

Lors du remontage manuel :
Lors du remontage manuel de la montre, la roue de couronne, actionnée par le pignon de remontoir, oblige le rochet F, les roues D et B » à tourner dans le sens indiqué par les flèches. Le cliquet d’arrêt (C’), et le cliquet d’armage C sont soulevés.

Remarque :

Les ressorts des cliquets d’armage et d’arrêt d’une montre à remontage automatique ne doivent être ni trop forts, ni trop armés. 
En effet, un ressort de cliquet d’arrêt trop fort ou trop armé, occasionne une résistance inutile, lors du remontage automatique.
L’état de surface du bec des cliquets doit être exempt de raies ou de bavures mais au contraire, adouci ou poli.


Le ressort de barillet.

Lorsque le ressort moteur d’une montre à remontage automatique est complètement armé, il faut éviter sa « surtension ».
En d’autres termes, les déplacements de la masse oscillante, actionnée à chaque mouvement du bras, doivent être sans effet sur le ressort moteur, lorsque celui-ci a atteint sa tension maximum, sinon la montre « rebat », puis, le ressort de barillet continuant d’être sollicité par le remontage automatique, se brisera ou produira des perturbations dans le mécanisme de remontage automatique.

On évite la « surtension » du ressort de barillet en munissant généralement les montres à remontage automatique de « brides glissantes » dites également « brides de friction » ou « ressorts de freinage ».